L'artiste et la psychanalyse
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L'esthétique du sens
Aperception du Sens en toute chose
L’Esthétique du Sens
« Les choses qui sont dotées de proportions correctes réjouissent les sens. »
Saint-Thomas d’Aquin (1225-1274)
Regardant, voilà quelques temps, un des portraits que j’avais fait de Nadar, m’est venue cette phrase non dénuée de sens relevant à la fois du mysticisme et du mythe « Ne vends pas ton âme » et qui, sur l’instant même, a retenu toute mon attention pour me conduire, quelques mois plus tard, à écrire ceci.
Loin d’être affecté ni angoissé à l’intérieur par ces cinq mots – ayant intégré et considérant à ce stade que tout état dépressif, ou y conduisant, est un bon point de départ à une évolution certaine de la conscience – une recherche donc s’esquissait.
Mes lectures, ainsi que le portrait introspectif de Carl Gustav JUNG qui se profilait à l’horizon, allaient me conduire de fil en aiguille à comprendre le cœur même et donc le SENS profond de mon ouvrage d’introspection et par là même de création. L’ESTHETIQUE n’étant là-dedans ni plus ni moins que l’expression pure (par dissociation ou différenciation d'avec tout perfectionnisme) de l’énergie « sacrée » et de son sens qui me viennent lorsque je crée, vécue comme telle par les cinq agrégats qui sont en nous, semblables aux vibrations provoquées par le Requiem de Mozart qui accompagne souvent ces profonds et puissants actes créatifs.
Qui parlait donc à qui ? Qui entendait qui ? Nadar, premier archétype révélé dans l’ordre chronologique de ma vie, s’adressait-il à moi ou étais-je sensible à un vécu ainsi qu’à tous les contenus d’une âme par le biais de mon inconscient, et ce, afin que je ne poursuive pas une illusoire notoriété dont je n’ai que faire d’ailleurs. Ou, de la manière la plus évidente qui soit et à mon avis, rejoignant sans effort celui de Carl Jung, archétype premier cette fois-ci, était-ce mon inconscient alors en cours de libération qui faisait don par là à ma conscience, elle-même en auto-analyse/critique continue, d’un puissant indice pour découvrir ma vérité et celle du sens de mon existence ? Puisque l’inconscient détient le savoir et la connaissance globale qu'il tente tant bien que mal de faire accéder à la conscience, selon que celle-ci est plus ou moins orientée et limitée.
Et tout cela, "les déficits et les lacunes obscurément perçus, inconsciemment conscients"* de mon Soi ne s'étaient-ils pas de manière puissante manifestés à moi, à ma conscience, réclamant "impérieusement, pour des motifs d'équilibre de la psyché"* lorsque voilà moins de trois ans, et n'ayant jamais lu aucun ouvrage de psychologie, je terminais le portrait de Sigmund Freud pour lequel je cherchais une citation authentique qui l'accompagnerait ? N'ayant rien trouvé d'assez authentique – allez savoir pourquoi ? – m'est venue de manière assez inattendue « Si tu me veux viens me chercher. Si tu te veux viens te trouver » comme sortie de nulle part. Et pour cause ! Le Sens d'un renouveau, passant par un dialogue du Conscient et de l'Inconscient, était en marche.
*(L’inconscient personnel et l’inconscient collectif - Dialectique du Moi et de l'Inconscient - Carl Gustav JUNG, Ed. Folio P43).
Je dirai pour aller encore plus loin, de par les événements synchronistiques de ma vie dont les liens de causalité ont révélé leurs sens me conduisant donc à pouvoir écrire cette synthèse initiatrice de la suite, et pour être en parfaite adéquation avec les pensées séculaires auxquelles j’ai ainsi de plus en plus accès – les partageant sans lutte particulière, affinant le Savoir, la ConNaissance et l’Unité de l’Esprit – que toutes ces interprétations sont en fait la même et qu’il n’y a aucune raison d’en distinguer autant l’une de l’autre. Au risque d’y perdre, en effet Monsieur Jung, une certaine vision holistique des choses et de ne plus être en mesure de se détacher d’aucune d’entre elles, enchaînés que nous devenons dans des détails futiles puis de plus en plus perdus en eux au fil du temps et ne voyant plus la globalité du Tout ainsi que les sages chinois, plus précisément de Tao, l’enseignaient voilà déjà des millénaires.
J’ignore si Félix avait lu certains de ces textes, car s’"Il y a en photographie, comme partout, des gens qui savent voir et d'autres
qui ne savent même pas regarder" n’est pas sans refléter cette pensée ou VISION DU TOUT, sans doute inspirée, entendue et retranscrite du plus profond de lui lorsqu’il pouvait se permettre, malgré tout ou « Quand même » d’être à l’écoute de son inconscient, faisant UN-ion avec lui. Ainsi, ne pourrait-on pas dire aussi que la plupart d’entre nous entendent ou essaient d’entendre mais ne savent pas ensuite prendre le temps d’écouter pour comprendre?
Quoi qu’il en soit, Leonardo da Vinci lui-même, Premier des Archétypes qui, depuis bien longtemps, guide de manière intrinsèque mon expérience et auquel en particulier je demande chaque jour qu’il en soit ainsi, selon la pensée bouddhiste dans laquelle je me retrouve (concentre), n’a-t-il pas écrit quatre siècles avant Nadar que "Toute partie tient à se réunir à son tout pour échapper ainsi à sa propre imperfection." Et ne partageait-il pas lui-même cette compréhension et perception du Tout – philosophie ne convenant pas – de Leon Battista Alberti selon qui "un artiste … ne doit pas être un simple artisan, mais un intellectuel formé dans toutes les disciplines et sur tous les terrains."
En remontant bien plus loin dans le temps, Romain Vitruve qui était pour Leonardo une grande source d’inspiration définissait déjà Les Divines Proportions abondantes d’enseignements et quelques siècles plus tôt encore Hippocrate, cité par Jung lui-même dans Synchronicité et Paracelsica, n’affirmait-il déjà pas que :
"Un seul flux, un seul souffle réunit tout, éprouve tout comme un ensemble. Tout a rapport avec la totalité ; quant à la partie, les parties (présentes) dans la partie (sont conçues) en vue de l’action qu’elles ont à produire. Le grand Principe s’étend jusque dans la partie la plus éloignée (du centre), et de la partie la plus éloignée il y a retour vers le grand Principe : la nature est une, être et non-être." Et plus tard Albrecht Dürer à son tour, d’écrire : "La beauté consiste en l’harmonie des parties entre elles et avec le tout. […] De même que chaque partie en soi doit être convenablement dessinée, leur union doit aussi créer une harmonie globale, […] parce que les éléments harmonieux sont considérés comme beaux."
Quelle qu’en soit l’interprétation, la mise en forme ou esthétique du Sens, quel qu’en soit le média artistique ou autre employé par chacun pour transmettre au fil des siècles cette vérité absolue, force nous est de constater que … Tout est lié et que si cette même vérité est reprise à travers les siècles c’est qu’elle est Vérité. Ça ne fait aucun doute qu’elle ouvre la voie à une perception Unique, globale et multiple à la fois. Si toutefois, bien sûr, on s’autorise à briser le conditionnement karmique qui est celui de l’image d’une société – quelle qu’en soit l’époque – trop « contemporaine », compartimentée donc séparée du Tout, ancrée et attachée (non détachée) à cette même image, son masque, sans vision critique d’elle-même à court, moyen et encore moins long terme, donc aveugle, où seuls le matériel et l’apparence ne sont aussitôt déjà plus, ne sont pas, ne sont qu'illusion ; où seul n’a de « fausse » valeur que le détail, celui-là même qui n’est qu’une composante du Tout, contrairement à la logique de l’Art (y compris physique, métaphysique et psychologie depuis leurs origines) dont l’œuvre doit s’inscrire dans la continuité de ce qui est et qu’un petit nombre réussit, certes de manière rigoureuse, à expliquer. Quitte à passer pour fou pour la plupart avant que cela ne devienne une évidence vérifiée.
Mais, comme disait Dali, archétype fantasmagorique ... “L'unique différence entre un fou et moi, c'est que moi je ne suis pas fou.”
“C’est pourquoi”, Jung rejoignant Dali comme par miracle avec la pensée en tout cas, “il n’est pas étonnant que la compréhension soit nulle envers ces influences qui s’exercent sur le conscient à partir du monde intérieur, et que l’on traite d’originaux pathologiques ou même de fous des sujets qui en sont manifestement le théâtre. Si un de ces sujets, par hasard, est un vrai génie, c’est seulement une ou deux générations plus tard que l’on s’en rendra compte.” (Extrait de Assimilation de l’inconscient - Dialectique du Moi et de l'Inconscient - Carl Gustav JUNG, Ed. Folio P76). 1
« L’idéal » étant pour la plupart de ne pas passer pour fou et de bien rester dans la norme voulue par la société car d’une part “… la décou-verte de l’individualité est incroyablement difficile” (Assimilation de l’inconscient - Dialectique du Moi et de l'Inconscient - Carl Gustav JUNG, Ed. Folio P79) et surtout que “Les exigences d’un conformisme non choquant et des bonnes mœurs apportent à la fabrication d’un masque présentable et acceptable”(Extrait de L’Individuation – L’ Anima et l’Animus - Dialectique du Moi et de l'Inconscient - Carl Gustav JUNG, Ed. Folio P155). 1
L’important étant donc pour l’ART-iste (y compris physicien, métaphysicien, et psychologue) de savoir un jour, en toute conscience, quelle est la finalité de son œuvre ou recherche, de s’y tenir, d’être fidèle à Soi-même et de trouver le Sens profond de ce qui l’anime (Animus-Anima voulant aussi dire étymologiquement Âme). La compréhension au bout d’un certain temps d’introspection honnête et surtout intègre commence à se faire jour, le Sens apportant et s’ouvrant à l’Esthétique et vice-versa. Tout comme une fonction transcendante ou individuation de plus en plus précise, telle celle de l’Inconscient et du Moi dont l’Union de l’un avec l’autre ne cesse de révéler tous les mystères.
Et je ne m’étendrai donc pas trop sur ce qui est appelé « Art contemporain » afin de ne pas m’égarer, autant sur le sujet que sur l'objet qu'il personnifie ou donne l'illusion d'être, car l’Art ne compte pour rien si les questions de Sens et d’Esthétique ne sont que trop vite abordées voire totalement oubliées. Carl Gustav JUNG explique fort bien dans l’Âme et le Soi la fonction transcendante et ces deux composantes essentielles ; sachant toutefois que, depuis son écriture où il ne fait qu'évoquer le terme naissant d'Art contemporain, l’argent (trop souvent j’entends « Il faut que je fasse de l’argent ou j’ai fait tant … ») et toute la mégalomanie des autoproclamés artistes semblent être devenus les deux seuls vecteurs essentiels de toute création ou assimilée comme telle. Alors que Jung lui-même émettait déjà certaines réserves – c'est le moins qu'on puisse dire – quant à ces deux mêmes composantes de sens et d'esthétique si elles ne sont pas intégrées à titre personnel chez chacun ... et à plus forte raison, dans le cas présent, chez l'artiste. Ceci expliquant cela.
Je conclurai juste cette partie par “Combien d’efforts et de peine a-t-il fallu au Mille artifex pour faire sortir cette anatomie de la mémoire de l’homme et pour qu’il oublie le noble art ? Il a alors poursuivi des chimères et toutes sortes de bêtises dont l’art est absent ; et ainsi il a gaspillé inutilement le temps passé sur terre. Car qui ne sait rien n’aime et ne respecte rien. Mais celui qui comprend, celui-là aime, respecte, remarque, voit … "(Extrait de Paragranum, cité par Jung dans Paracelse médecin - Synchronicité et Paracelsica, Carl Gustav JUNG, Ed. Albin Michel P149). 2
D’où, pour répondre de manière logique à la cause qui a fait que ma conscience non orientée a perçu de manière claire et distincte ces quelques mots « Ne-Vends-Pas-Ton-Âme » véhiculés par mon inconscient de plus en plus autorisé à le faire, cela ne fait plus aucun doute aujourd’hui que par rapport à tout ce qui a été développé ci-dessus :
1. je suis en mesure de m’expliquer le Sens de ce que je cherche depuis fort longtemps et que je ne cesse plus de trouver par paliers de plus en plus rapprochés, chaque jour qui passe me le confirmant, au-delà de conforter, dans la clarté de ce dialogue et de cette union de plus en plus forte entre ma conscience et mon inconscient
2. j’entre-vois et a-perçois (aperception) de mieux en mieux la finalité de ce que l’on pourrait appeler « travail » en se référant à la définition biblique du terme, même si je considère que j’ai beaucoup de chance, tout aussi difficile que fut un temps mon isolement, presque viscéral, que j’ai transcendé, même si j’ai pu entendre dire à ce propos « solitude » de manière trop hâtive et préjugée par ceux-là mêmes qui craignent d’être confrontés à leur propre esprit alors que là réside toute la vérité
3. je peux vous donner à lire ce récit qui vous fera peut-être, à votre tour, vous interroger sur un ensemble de questions – un TOUT –et pas seulement artistiques. Si c’est le cas, tant mieux.
Car, tel est le but premier de mes créations. Comprendre ce que je fais (là) et le Sens profond que j’y donne aussi bien par l’écriture que par le dessin, donc dans son esthétique.
Et que, si "Le plaisir le plus noble est la joie de comprendre" (Leonardo da Vinci), faire en sorte de partager cette réflexion d’une perception personnelle consciente est, à mon avis, déjà acte de création en elle-même, bien plus profonde que la chose matérielle qui en résulte.
La plupart n’y verront là … RIEN, ce qui est déjà bien, le « rien » ou le vide, la vacuité, étant déjà une des composantes, un détail, du Tout ; d’ailleurs ils n’y viendront sans doute pas. Et d’autres, dans l’hypothétique futur dans lequel je me trouve à l’instant de cette composition écrite, verront-ils ou ne retiendront-ils peut-être qu’un seul mot, une seule phrase ou un seul paragraphe – voire dans l’idéal un TOUT – qui suscitera en eux l’« envie » de se poser et d’en savoir plus par eux-mêmes, non « sur moi ».
Puisque et pour être encore plus complet dans cette recherche devenue philologique – je cite une nouvelle fois Il Maestro tant le message contient d’autres messages qui parlent d’eux-mêmes et n’ont pas besoin d’être développés, si ce n’est par l’auto interrogation … "Le tableau ne se livrant que lentement semble toujours attendre qu’on l’interroge, comme s’il réservait une infinité de questions." et que "…la vue, par rapides observations, découvre une infinité de formes ; néanmoins elle ne comprend qu’une chose à la fois."
Et puisque, donc, dans cet ensemble de détails, seule l’aperception globale des choses est capable d’assembler au fur et à mesure qu’ « on », l’individu, lui laisse le temps de trouver le sens ou les sens – l’essence, je pense – d’une réalité UNIverselle dans le leurre mondain duquel chacun réussira (ou pas) à se dépêtrer, en suivant sa voie. "Car le firmament n’est pas seulement le ciel cosmique des étoiles, mais un « corps » qui est quant à lui une partie", on y revient, "ou un contenu du corps humain visible."(Extrait de Paracelse médecin - Synchronicité et Paracelsica, Carl Gustav JUNG, Ed. Albin Michel P144-5). 2
Pourquoi donc vendre son âme ?
Le mythe de Faust et l’aporie dans laquelle il a pu se trouver à un moment de sa vie, vendant donc son âme au diable, est certainement un dilemme bien réel qui résonne en nous tous, tiraillés que nous sommes tôt, tard et surtout continuellement si, de manière dirigée nous ne nous autorisons pas à cette force mentale de faire accéder ce savoir absolu de notre inconscient à notre conscience hélas trop orientée ; choisissant que trop souvent la facilité, lâcheté envers soi-même, le profit de l’autre par tactique que j’appellerai
« relationnelle » ou commerce du Soi à l’état le plus basique et figuré – masqué ? – où chacun (se) vend son âme à l’autre pour en tirer quelque avantage … et donc rebroussant chemin pour éviter la seule confrontation qui vaille, celle avec son propre esprit.
Ce chemin qu’il vaut mieux laisser inconnu, avant même de s’y être engagé ... "les points de vue fondamentalement nouveaux ne se découvrent " en effet "pas en règle générale sur des terrains déjà connus, que d'ordinaire on évite parce qu'ils sont trop écartés et même éventuellement mal famés." (Extrait de La synchronicité, principe de relations acausales - Synchronicité et Paracelsica, Carl Gustav JUNG, Ed. Albin Michel P103). Alors que "Quiconque progresse sur la route de la réalisation de son Soi, inconscient, rendra nécessairement conscients les contenus de l'inconscient personnel, ce qui élargira considérablement l'étendue, les horizons et la richesse de la personnalité." (L’inconscient personnel et l’inconscient collectif - Dialectique du Moi et de l'Inconscient - Carl Gustav JUNG, Ed. Folio P43).
Et, comme un retour répondant à l’aller, dans l’échange transcendantal permanent qui m’anime, non seulement je ne vendrai pas mon âme, qui plus est, je ne ferai pas commerce de ces mêmes âmes que je considère archétypales (seconde période) et dont j’essaie, sans précipitation avec graphite et fusain, de la manière la plus fidèle et surtout humble qui soit, de trouver le feu, embrassant le mien – à la limite parfois de l’identification pour en comprendre le sens du vécu – dans ces dialogues ou entrevues internes qui se créent.
Leur réalisme en est-il l’expression ou l’esthétique du sens que je porte à leur réalisation et à leur accomplissement ? Ce n’est pas à moi d’y répondre. Ma « jouissance » est déjà considérable.
D’autant plus que celles-ci ne m’appartiennent pas. Elles sont pour moi la meilleure perspective vers une complétude certaine à laquelle j’accède et peut-être suis-je pour elles, j’aime le voir ainsi, un simple lien – celui qui permet de s'interroger soi-même lorsqu’on sait (les) regarder pour y chercher et y voir ce que nous devons y trouver de nous-mêmes.
Puissent-ils un jour, ces portraits d’exception et Regards d’Âme, trouver le lieu où (re)poser pour que celui ou celle qui se le permettra, en les regardant comme face à un miroir, interroge son Soi ... tel un Tamino, ou une Pamina aussi, face à un Sarastro ... à son écoute.
En attendant … "Ci sono tante cose da fare" (Leonardo da Vinci) et "Cerca trova" (Giorgio Vasari)
C.DUCALE
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1 Mise à jour 16 avril 2016
2 Mise à jour 25 avril 2016
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